Article de presse - Hausse du prix de l'électricité: la Banque alimentaire doit payer 51 747 €

Le 2 mai dernier, la Banque alimentaire de la Savoie (BA 73) recevait les factures d’électricité correspondant aux trois premiers mois de l’année. Une somme de 51 747 euros TTC qualifiée de totalement « déraisonnable » par Philippe Breuvart, président de la BA 73, même en prenant acte des conséquences d’une crise mondiale de l’énergie sans précédent.

« Le 31 décembre 2022, le fournisseur d’électricité de la BA 73 a mis fin à notre contrat de fourniture d’électricité. Nous avons été obligés de conclure un nouveau contrat en cherchant le fournisseur le moins cher sur le marché », détaille Philippe Breuvart.

Au final, l’association a négocié un contrat d’un an avec Total énergie. « Les tarifs ont été multipliés par cinq. On est passé de 90 à 450 euros HT en moyenne le MWh (mégawatt heure) », précise le président.

Le 6 février 2023, le gouvernement a annoncé que les Très petites entreprises (TPE) allaient bénéficier d’un tarif moyen annuel plafonné à 280 euros / MWh (HT). Une mesure multipliant les prix par trois pour la BA 73 et pour laquelle les associations ont été invitées à souscrire. En 2022, la facture annuelle de la Plateforme alimentaire solidaire savoyarde (pour deux tiers à la charge de la BA 73 et pour un tiers à la charge des Restos du cœur) était de 40 000 euros/an TTC » renchérit Philippe Breuvart.

Mais où l’affaire se corse, c’est que ce tarif moyen annuel ne peut être appliqué par les fournisseurs d’énergie qu’une fois l’année écoulée avec a priori un avoir à recevoir début 2024. « La somme de 51 747,00 euros (pour trois mois) a été prélevée le 10 mai en dépit d’une réclamation faite sur le site du fournisseur le 3 mai ».

Aussi, le montant colossal de la facture de Total énergies est calculé sur la base des tarifs contractuels d’hiver (692 euros/MWh en moyenne l’hiver pour 122 euros/MWh, l’été) et non sur le prix moyen annuel plafonné à 280 euros pour 2023.

« La Banque alimentaire de la Savoir ne comprend pas la justification économique de tarifs d’hiver près de six fois plus élevés que les tarifs d’été (en 2022, le rapport n’était que de 1 à 2). Les associations subissent une double injustice par rapport aux TPE car elles ne font pas de bénéfices et ne récupèrent pas la TVA. Cela revient à payer l’électricité, mais aussi les autres charges, 20% plus cher que les TPE. A ce chapitre, la BA 73 paye plus de 40 000 euros de TVA chaque année », complète Philippe Breuvart.

• La bonne santé financière de la Banque alimentaire devrait permettre de passer cet écueil sans problème majeur, en espérant une aide de la direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et la protection des populations de la Savoie. D’autres pistes sont en cours pour 2024-2025.
• L’équation entre le nombre de bénéficiaires (augmentation de 15% depuis le début de l’année) et les ressources en denrées alimentaires devient difficile à résoudre avec des ramasses quotidiennes dans les grandes et moyennes surfaces assez faibles. Une fore baisse des produits en provenance du Fonds européen de solidarité a été annoncée. La première conséquence : le panier hebdomadaire par personnes est passé de 7 à 5kg depuis 3 ans. Il pourrait se réduire à 4 ou 4,5 kg dès 2023.  

Guy Jacquemard pour le Dauphiné Libéré