Du petit bénévolat à l'investissement quotidien

Si la retraite accord une chose, c'est bien du temps. Ce temps, les séniors sont nombreux à la mettre au service de leur prochain à la Banque Alimentaire de Savoie.

Parmi les 140 bénévoles réguliers à s'activer pour fournir les associations du territoire en nourriture, plus de la moitié a plus de 60 ans. En moyenne, les retraités engagés ont aux alentours de 65 ans, assure Patricia Reynaud, elle-même bénévole. "Souvent, on intègre l'association quelques années après avoir arrêté de travailler. Ce n'est pas quelque chose auquel l'on pense immédiatement." Sans compter qu'il y a un turn-over régulier environ tous les cinq à six ans au sein de l'association. "Ce n'est pas un métier facile, c'est physique d'être sur les plateformes, de trier ou de conduire les camions.", assure Patrice Gros, lui aussi bénévole, en charge de la communication. Pourtant, chaque matin, ils sont une quarantaine à venir aider. Chacun d'entre eux doit effectuer au moins quatre heures de bénévolat par semaine.

Se sentir utile et créer du lien social

Selon Patricia Reynaud et Patrice Gros, il y a de nombreuses raisons qui expliquent ce choix. Certains retraités eux-mêmes bénéficient ou ont bénéficié de l'aide des associations et se sentent aujourd'hui redevables, soit environ 10% des séniors bénévoles. Il y a aussi les personnes qui ont connu des problèmes de santé et qui cherchent à se dépasser et à retrouver une activité physique (15% à 20% des retraités volontaires). Certains ont toujours baigné dans la vie associative. C'était donc une évidence de s'engager davantage dans des activités solidaires une fois à la retraite. Et pour les autres, cela s'est imposé à eux face à un besoin de se sentir utile. "Arriver à l'âge de la retraite, nous avons souvent l'impression de ne servir à rien car nous n'avons plus d'activité. Mais c'est faux, on a toujours besoin de nous. La Banque alimentaire n'existerait pas sans les seniors." insiste Patricia Reynaud. Depuis qu'elle a rejoint la structure il y a quatre ans, les attentes de la jeune retraitée ont été largement dépassées. Elle a commencé par la collecte des repas; aujourd'hui, elle travaille au bureau. "J'ai étendu mes champs d'action. Mon petit investissement est devenu un investissement de tous les jours."

Remercier et fidéliser

Sans oublier qu'appartenir à une association est aussi une bonne occasion pour créer du lien social. "C'est un peu comme une famille", sourit Patrice Gros. Pour motiver les troupes, la Banque Alimentaire de Savoie organise régulièrement des pots et des repas. La structure a également mis en place un journal bimensuel dans lequel elle met en avant ceux sans qui elle n'existerait pas. "

C'est important de les remercier et les motiver." Après deux années marquées par la pandémie, l'association est heureuse d'avoir retrouvé un fonctionnement normal. Les deux bénévoles en charge de la communication sont optimistes quant aux mois à venir, même s'ils appréhendent d'éventuelles pertes suite à la crise de l'énergie. "Avec la hausse des coûts de l'essence, nous craignons que les bénévoles qui habitent loin viennent moins, voire plus du tout", s'inquiète Patricia Reynaud. Si pour le moment aucune baisse de fréquentation n'est à déplorer, le sujet fait de plus en plus parler au sein de l'association. "

Article du 16 décembre - La Vie Nouvelle

 

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